
Noureddine BENCHEKROUN/ Bureau de Marrakech
Avant d’entamer l’analyse de l’exposé de l’envoyé onusien au Sahara Steffen De Mistura, présenté devant le conseil de sécurité, rappelons que les pays de l’Union européenne se sont opposés à la fameuse décision du tribunal de justice de cette union.
En effet, ils ont défendu leur partenariat stratégique avec le Royaume du Maroc, sachant que ce dernier reste indifférent à cette décision intra-européenne.
Outre le secrétaire général des Nations- Unies a exposé devant les membres du conseil de sécurité le projet de l’Atlantique lancé par SM le Roi Mohamed VI, un projet qui intègre même les pays du Sahel sans accès direct à l’océan.
De par sa grandiose, le projet de l’Atlantique commence à être considéré comme un deuxième
“ Projet Marshall”, conçu pour le développement de l’Afrique.
Un exposé de la situation au Sahara.
Devant les membres du conseil de sécurité, Di Mistura a exposé un texte de huit pages qui ont résumé son recueil visites des pays concernés par l’affaire du Sahara, ses rencontres avec les responsables politiques, les élus représentant la population dans les provinces sahariennes ainsi que son passage aux camps de Tindouf.
Indépendamment des tumultes biaisées des médias algériens, tout observateur neutre est en mesure de constater que l’exposé en question converge globalement vers la proposition d’autonomie proposée par le Maroc.
Analyse des points soulevés.
Nous pouvons dresser les points soulevés par l’émissaire onusien avec leurs analyses comme suit:
– Faisant référence aux trois années passées dans cette mission, De Mistura a déclaré que la question du Sahara connaît des difficultés et des obstacles qui empêchent toute progression vers sa résolution.
Il convient ici de souligner que cet exposé n’est qu’une note consultative pouvant servir à la rédaction du rapport du secrétaire général des Nations- unies qui sera présenté au conseil de sécurité.
– Situation déplorable des séquestrés de Tindouf, sachant
que seuls les généraux d’Alger sont responsables de cette tragédie humanitaire.
– Mise du problème dans sa dimension régionale.
En effet, la rupture diplomatique entre le Maroc et l’Algérie, ainsi que l’absence d’une union régionale pouvant aider à rapprocher les points de vue et contribuer ainsi à la résolution du conflit aggrave plus cette situation.
Donc l’Algérie n’est plus en mesure de nier son lien direct avec ce conflit.
– Position énigmatique de la Mauritanie. Ce qu’elle appelle
“ neutralité positive” pose plus d’une question et peut être interprétée de plusieurs façons.
-Une affaire qui a duré un demi siècle, et il n’est plus tolérable de rester sans solution.
– En présentant une évaluation de la situation, De Mistura a évoqué le dernier discours de Sa Majesté le Roi devant le Parlement, au cours duquel le souverain a confirmé que la question du Sahara marocain est entrée dans une phase de résolution.
-Dynamisme diplomatique et soutien de plusieurs pays à l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc, notant la référence royale à la lettre du président français dans laquelle il soutient cette proposition.
Cette nouvelle position française a été très critiquée par l’Algérie et le Polisario.
-Evoquant la décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne concernant l’accord commercial de cette union avec le Maroc, il n’a pas manqué de signaler la ferme position du Royaume comme n’étant pas concerné par la décision de ce tribunal.
Outre, il a souligné que les pays européens tiennent et défendent leur partenariat avec le Maroc.
-Nécessité d’un processus politique urgent pour rapprocher les divergences et aboutir à la résolution de ce conflit.
-L’autonomie, est pour le Royaume Chérifien le seuil qu’il peut offrir pour régler une fois pour tout ce conflit.
En effet, son lien juridique, historique et d’allégeance des tribus du Sahara pour les souverains du Maroc sont incontestables et aucun citoyen Marocain n’est prêt à céder le moindre mètre carré de ce territoire. D’ailleurs, le monde a eu plusieurs occasions pour visualiser ce consensus national autour de cette question devenue intrinsèque à l’existence même du pays.
Donc la proposition d’autonomie est considérée comme dernière étape, un objectif et non une nouvelle relance de ce conflit artificiel.
Un manque de bonne maîtrise du dossier
– Après avoir constaté un sentiment d’urgence au sein du conseil de sécurité pour clore ce dossier, De Mistura a pris une initiative personnelle sans concertation avec les membres.
En effet, il a proposé le partage du Sahara entre le Maroc et le Polisario.
Une telle proposition montre son ignorance de l’historique de cette affaire, car l’ancien émissaire onusien ( James Baker), l’avait déjà soulevée il y a 23 ans sans succès.
Ce manque de compréhension assez approfondi de la question dont il est chargé, crée des doutes sur sa probable influence par les propos de l’Algérie et son allié incontestable l’Afrique du Sud à qui, Di Mistura a rendu visite pour consultation, alors que ce pays est non concerné par cette affaire.
En plus, il a oublié que le Conseil de sécurité travaille aujourd’hui sur la base des conclusions de l’ex- émissaire “ Valson” qui ont montré l’impossibilité de mettre en œuvre la proposition du Polisario dictée par les Algériens.
En révélant sans les nommer, que des pays de la région ont soutenu sa proposition de partition, mise à part l’Algérie
(+ Afrique du Sud), on se demande quels sont ces autres pays à qui il a fait référence ?
Si le Maroc et le Polisario rejettent tous les deux cette partition, on est face à un dilemme Algérien généré par des propos contradictoires puisque la junte militaire de ce pays jette sous table la proposition de partition, et incite son pion le Polisario à la rejeter.
De là, on arrive toujours à la conclusion que l’Algérie manœuvre comme il l’avait toujours fait pour arriver à avoir un accès direct à l’Atlantique et détourner l’attention du Royaume de ses autres futures revendications territoriales à savoir le Sahara Oriental.
Il conclut son exposé par un rappel de la proposition d’autonomie présentée par le Royaume et qui a été évoquée par les trois dernières résolutions du conseil de sécurité, dont la dernière ( 27/03) la qualifiant de sérieuse et crédible.
Outre cette proposition a été bien saluée par une grande majorité des pays, néanmoins, il a souligné que la population a le droit de connaître davantage les exigences de cette solution, un constat qu’il a tiré lors de son voyage au Sahara et ses diverses rencontres avec les habitants.
Le conseil de sécurité a le droit d’évaluer cette proposition pour statuer en sa faveur.
Marrakech le 21/10/2024