Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech
L’euphorie de victoire que les mercenaires du Polisario ont ressenti après la rencontre de certains de leurs responsables avec les ambassadeurs des États-Unis d’Amérique et de Russie en Algérie nous amène à poser plus d’une question sur le contenu de ces deux rencontres et leur impact sur le problème artificiel du Sahara Marocain.
Tout d’abord, analysons de près le contexte international qui a conduit les administrations américaine et russe à donner le feu vert à leurs ambassadeurs pour de telles rencontres.
### la Russie
Pour la Russie, elle essaie autant que possible d’être adjudicataire de l’appel d’offres lancé par l’Algérie concernant le marché de son armement pour cette année, dont le budget dépasse 20 milliards dollars.
Les russes avaient toujours été les fournisseurs d’armes à l’Algérie, ils régnaient en bon maître et assuraient les formations nécessaires, sauf que l’année dernière, ce marché a été accaparé par les français.
A signaler que même, avec cette grande relation économique avec l’Algérie, la Russie n’a jamais été entraînée dans les magouilles des séparatistes, la preuve c’est qu’au Conseil de Sécurité, sa position est restée toujours neutre, adoptant la politique d’abstention au vote et ce, pour préserver l’équilibre de ses relations entre le Maroc et l’Algérie. Outre, Moscou a refusé d’inviter le Polisario au sommet russo-africain.
Également, la Russie a conclu des accords de pêche maritime à partir des côtes du Sahara marocain, ce qui constitue en soi une reconnaissance implicite de la part des Russes de la souveraineté du Royaume sur son Sahara.
### Les USA
Pour les Américains, on sait que leur politique a toujours été basée sur la communication avec toutes les composantes, mais la position officielle des USA se construit concomitamment avec la stratégie du pays pour une région déterminée. En effet, la région Nord-Africaine est un axe stratégique vital pour la stabilisation et la sécurité du Sahara et Sahel, une région tumultueuse, fief des corpuscules terroristes. Le Maroc, seul pays sécurisé et stable dans la région, doit être soutenu et devenir puissance régionale. C’est dans cet esprit qu’a été prise la décision irrévocable de la reconnaissance américaine pour la souveraineté du Royaume sur ses territoires au Sahara.
Néanmoins, les Américains n’oublient jamais leur “ business “ et font appel à leur diplomatie pour “ grignoter “ ne serait-ce qu’une part du gâteau présenté.
L’appel d’offres Algérien est alléchant et les Américains doivent concurrencer sinon bénéficier de toute l’offre déjà visée par les chinois, les russes et même les français.
### La France
En plus des Russes et des Américains, les Français espèrent une tacite reconduction du marché gagné l’année dernière ( 22 milliards dollars). De ce fait, on se rappelle tous de la fameuse et “ humiliante” visite du chef d’état-major Algérien en France, au cours de laquelle il a été honoré, et décoré à la façon des soldats français.
Une cure de rappel d’allégeance à la mère patrie qui considère toujours l’Algérie territoire français doté d’autonomie.
Mais, malgré leur soutien aux généraux d’Alger et malgré leur mainmise sur certaines décisions algériennes, les Français sont restés fidèles à leur position au Conseil de Sécurité concernant l’affaire du Sahara Marocain, et continuent à voter en faveur des résolutions onusiennes dont la dernière 27/03 qui réaffirme la crédibilité de la proposition d’autonomie proposée par le Royaume.
D’ailleurs, aucune des cinq puissances membres du Conseil de Sécurité n’avait jamais voté contre ces résolutions.
### La Chine
Ceci dit, n’oublions pas également la très grande influence chinoise sur le marché Algérien en général. Sur ce, la dernière visite du chef d’état-major Algérien à Beijing porterait sûrement des surprises.
Mais ce qui est sûr, c’est que la diplomatie chinoise a toujours su équilibrer entre les intérêts économiques et les positions politiques de l’État chinois.
En effet, “ Said Chengriha” ne peut espérer un changement de position de Beijing concernant l’affaire du Sahara Marocain.
### Conclusion
En conclusion, nous constatons toujours que l’Algérie centralise toute sa diplomatie et ses intérêts économiques avec les pays sur la seule question du Sahara Marocain.
Pour le Maroc, il continue à suivre la voie diplomatique chapotée par les Nations-Unies en respectant les règles du droit international, mais si le cessez-le-feu continu à être violé dans la zone tampon, le Royaume n’hésitera pas à riposter en concertation avec l’organisation onusienne comme c’était le cas pour “ El Guergarates” et pourrait même retirer la proposition d’autonomie et clore unilatéralement ce dossier.
En effet, le Maroc adopte une politique flexible en adéquation avec les changements en cours dans le monde, et reste ainsi en mesure de faire face au chantage auquel il est parfois exposé. L’autonomie reste l’expression ultime de la démocratie et des droits de l’homme.
Marrakech le 24/11/2023
