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Les prémisses d’une crise démocratique dans le secteur de la presse

Brahim Benmenni/ Bureau d’Agadir

Dans une scène dépourvue de démocratie et promouvant une culture de dépendance, le secteur de la presse est passé d’un système électoral qui reflète la volonté des professionnels à un système hautain qui incarne l’hégémonie du pouvoir exécutif Selon les déclarations du membre du Syndicat national de la presse Mr Mohamed Talbi. L’acceptation par certains de cette transformation et l’extension de certains organismes sans consultation des professionnels révèle une sorte de faiblesse d’une véritable croyance dans les principes de liberté et de représentation démocratique.

La prolongation abusée, qui est devenue une règle plutôt qu’une exception, est une déclaration explicite de la prolongation de la crise de la presse et de l’instauration d’une situation qui sert ceux qui acceptent la soumission aux dépens des intérêts du secteur. Ces personnes, même si elles tentent de justifier leurs positions, ne peuvent pas être considérées comme des partisans de la démocratie, mais plutôt comme des contributeurs à la destruction des fondements au sein de la profession.

Il est certain que le comité nommé et composé de la majorité qui a conduit le Conseil à l’échec et au délabrement, voire à un arrêt cardiaque, tente d’exploiter cette nomination pour s’identifier au gouvernement. Mais à l’heure où le discours du gouvernement, à travers le secteur de la communication, souligne l’importance d’un retour rapide à la légitimité à travers un conseil avec sa forme représentative démocratique, le comité intérimaire tente de jouer et de faire le liaison entre le gouvernement et le secteur de la presse, et en œuvrant systématiquement à l’exclusion des représentants des professionnels, ce qui signifie que le journalisme deviendra un outil entre les mains du pouvoir exécutif au service de ses agendas au lieu de rester une profession libre et indépendante.

En ce sens, cette instance désignée ne représente pas les journalistes, mais répond plutôt aux intérêts du gouvernement, ce qui entraîne un déclin du concept d’autogestion, considéré comme la pierre angulaire de l’indépendance de la profession.

Les tentatives continues du ciblage des syndicalistes, et même l’absence du Syndicat national de la presse marocaine dans un certain nombre de dialogues et de participation effective aux prises de décision liées aux tâches organisationnelles du secteur, signifient un affaiblissement de la représentation démocratique. Le syndicat, qui devrait être la voix des journalistes dans la défense de leurs droits, est délibérément exclu de cette voie qui vise à transformer la presse en un outil de servitude entre les mains du pouvoir exécutif.
Il ne s’agit pas ici d’une défense des intérêts du syndicat, mais plutôt de la concrétisation d’un droit légitime, car lors d’élections libres et équitables, la liste « Liberté Justice Dignité », soutenue par le Syndicat National de la Presse Marocaine, a eu le consentement à cent pour cent des voix attribuées au corps de la presse. Le syndicat a continué à surveiller ses représentants dans la mesure du possible.

La dernière conférence du syndicat à Bouznika a été une indication intense de l’évaluation par le syndicat de l’ensemble de l’expérience du Conseil et de sa chute dans les bras de l’intérim, alors qu’émergeait un nouveau leadership avec des tendances qui rompaient avec le passé et se dirigeaient vers l’avenir.

L’hégémonie par la nomination et l’identification au gouvernement sous le slogan de la « survie » est, par essence, une tentative de dominer le secteur journalistique et de perturber son indépendance. Le journalisme doit rester professionnel et démocratique, et les journalistes, le syndicat et les partenaires stratégiques de l’Association des éditeurs doivent résister à cette tendance et exiger le retour d’une véritable démocratie dans le secteur à travers des élections transparentes qui redonnent force et légitimité à la presse.

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